CONDUIS MON CHAR (DRIVE MY CAR)

25 février 2022

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Ce film à propos des personnes derrière la vie artistique et théâtrale japonaise nous parle aussi de l’expérience de ce pays avec ce qui vient de l’extérieur, de l’étranger.

Conduis mon char (Drive my Car) : film du réalisateur japonais Ryusuke Hamaguchi, qui a aussi signé le scénario, film qui a déjà gagné plusieurs prix, notamment à Cannes 2021, ainsi qu’au Golden Globes de cette année, en plus d’être en nomination aux 94ième Oscars pour meilleur film et meilleur film étranger.

L’HISTOIRE

Le film raconte des épisodes dans la vie (fictive) d’un réalisateur et acteur japonais reconnu, Yusuke Kafuku, au moment où il perd son épouse et partenaire Oto, morte d’une hémorragie cérébrale, peu de temps après qu’il eut découvert qu’elle avait une relation extra-conjugale avec un jeune acteur, Koji Takatsuki, au moment où Yusuke réalise la pièce française En attendant Godot.

Des années plus tard, Yusuke se trouve à Hiroshima pour réaliser la pièce russe L’Oncle Vanya, et il confie, de façon quelque peu surprenante, au jeune acteur qui avait eu une aventure avec son épouse, Koji Takatsuki, le rôle principal de la pièce.

Pendant la tenue de la pièce à Hiroshima, les deux hommes se rencontrent accidentellement dans un bar local et ils s’assoient pour parler, et c’est là que Koji raconte à Yusuke son amour pour sa femme décédé. Yusuke est triste devant ce rappel, mais il est aussi dans un mode d’acceptation serein.

Une grande partie des aléas de la vie de Yusuke est racontée à travers les conversations qu’il entretient avec une assistante du théâtre, qui lui sert de chauffeur dans son automobile allemande, une Saab rouge. Plus tard, Yusuke doit prendre le rôle principal de la pièce qu’il dirige, le jeune acteur qu’il avait choisi (Koji) étant devenu incapable de continuer dans le rôle principal, devant des accusations d’inconduite dont il est l’objet.

QUELQUES INTERPRÉTATIONS

Le film a généralement été interprété comme une histoire qui explore les thèmes de l’amour, de la peine, et des pertes, « une incursion hypnotique à travers l’esprit et l’âme humaine » (Jane Freebury) ou encore comme « une célébration des vicissitudes de la vie humaine » (James Luxford, dans Dirty Movies).

Mais le film pourrait aussi dépasser ses thématiques des défis de la vie individuelle, du moins selon Le Movie Shrink.

L’APPORT DU MOVIE SHRINK

Bien entendu, le film raconte les aléas de la vie individuelle, dans un cadre culturel japonais.

Ce qui frappe par ailleurs Le Movie Shrink, c’est que presque tous les produits culturels de l’histoire du film, y compris l’automobile allemande (une Saab), viennent de l’extérieur du Japon. C’est le cas avec la pièce française En attendant Godot, et aussi de la pièce russe, l’Oncle Vanya, les deux pièces qui sont importantes pour le héros principal à ce moment.

Bien entendu, l’histoire reflète la globalisation et la mondialisation de la planète entière. Mais il le fait dans un cadre japonais, un pays pas particulièrement connu pour ses emprunts culturels ou économiques de l’extérieur. Mais ici, il y a une présence particulièrement importante de produits culturels étrangers, non seulement des pièces de théâtre, mais jusque dans le choix de l’automobile, site des conversations les plus significatives, une automobile allemande. On pourra penser que le Japon lui-même produit assez d’automobiles pour satisfaire les choix des consommateurs. On serait donc justifié de penser que le choix de cette automobile (de ce « char ») est significatif.

Au-delà de son histoire individuelle, le film raconte les aléas et les défis de la rencontre parfois malaisée entre les cultures mondiales et les cultures locales, qui pourraient être reflétée dans les défis de la coexistence d’un mari et d’un jeune amant, comme entre Yusuke et Koji.

Cette coexistence du local et de l’international reflète toute la subtilité et la délicatesse de la culture japonaise qu’on trouve d’abord dans les relations entre individus, comme le film le suggère.

Le titre du film, Drive my Car, en dit beaucoup sur l’histoire collective derrière l’histoire individuelle du film. On se trouve dans son automobile, dans son char, mais ce n’est pas toujours nous-mêmes qui conduisons.