CONTINUITÉ ET EMERGENCES DE THÈMES DANS LES FILMS DE 2021-2022

29 septembre 2022

Continuité et nouveaux thèmes

Nous sommes déjà assez bien engagés dans les films de 2022 pour que nous puissions déceler déjà à la fois de la continuité dans ses thématiques et de la nouveauté dans des thèmes qui apparaissent nouveaux, peut-être présentés pour la première fois.

En dehors de l’Europe et des États-Unis, nous pouvons constater la persévérance du thème de la globalisation économique et des ses défis, dans les films comme L’école du bout du monde (2019/2022), l’histoire d’un jeune enseignant dans un village du Boutan, qui se trouve même à être le seul enseignant du village, qui hésite entre son devoir de professeur, essentiel, et son désir de donner des spectacles musicaux en Australie. C’est ce même type de dilemme que l’on trouve dans d’autres films récents, comme Luzzu et La Ruche.

Les thématiques plus récentes se trouvent le plus souvent dans des films européens, comme le vieillissement de la population, un thème que l’on trouve dans des films européens de 2022, comme Vortex et She Will, continuant la thématique que l’on trouvait en 2021, dans le film Coda : la vie en musique.

Toujours en Europe, on voit dans ses films des thèmes résolument sociaux. Ainsi en est-il de la question de l’intimidation à l’école et de la méchanceté des enfants, dans un film comme le film franco-belge Une vie et aussi dans le film scandinave, produit en Norvège, Les Innocents (voir notre analyse détaillée dans la rubrique principale de notre site).

Les films français se sont attaqués aussi à des thèmes délicats, comme le film L’événement, sur l’avortement, et le film Les Intranquilles, sur les maladies mentales.

En Europe, mais surtout aux États-Unis, on trouve le thème de la place grandissante de la femme dans l’économie, en dehors de la famille, suggérée entre autres dans le film américain Là où chantent les écrevisses.

Quelques thèmes, pays par pays

Avec toute l’attention qui est accordée à la Russie en cette année 2022, il est intéressant de voir comment ce pays est représenté dans les films qui le montrent dans le cinéma. C’est un peu ce que le film Compartiment no.6 tente de faire, à travers le trajet (en train) d’une étudiante finlandaise dans la Russie contemporaine. On a l’impression que les choses sont parfois laborieuses dans ce pays, mais que les choses peuvent quand même se faire correctement, dépendant de la bonne volonté des gens. Ce qui en ressort, en langage sociologique, c’est une certaine faiblesse des institutions.

Auparavant, en 2014, le film classique russe, Le Léviathan, avait décrit une société russe dominée par des élites corrompues et kleptomanes qui exploitaient les richesses nationales à leur profit. Ici aussi, on présentait une Russie définitivement faible au niveau de la qualité de ses institutions, c’est le moins qu’on puisse dire. Plus tôt dans le siècle, le film Taxi Blues donnait à penser que la vie quotidienne en Russie était plutôt morne.

Dans le cas de l’Iran, un film de 2022, Hit the Road, traite, encore, des défis et des tribulations entourant une situation contractuelle (ici un contrat pour organiser une émigration du pays), un peu comme l’avait présenté le film Un héros de 2021 qui, lui, racontait les défis d’un homme emprisonné pour dettes, qui tente de payer son dû pour sortir de prison. Ces deux films nous rappellent un autre film iranien, le film classique Le client. Ce qui amène ce thème des défis contractuels en Iran n’est pas tout à fait clair, mais le thème est par ailleurs indiscutablement présent dans son cinéma.

Nous avons déjà abordé certains thèmes du cinéma français de la dernière année. Mais nous voulons ici mentionner le film Les illusions perdues de 2022, à propos des controverses et des insinuations méchantes que l’on trouvait dans le journalisme français d’une autre époque, bien avant le vingtième siècle, lesquelles peuvent renvoyer à notre propre situation médiatique contemporaine, celle de l’agressivité sur du web et sur l’internet. Un autre film sur la France, Une robe pour Mrs. Harris (voir notre rubrique principale pour des commentaires plus détaillés), raconte une charmante histoire, qui est aussi drôle. Le film, au passage, décrit bien certains des contrastes révélateurs entre les cultures britanniques et françaises. Un film drôle et sans prétentions peut aussi être révélateur.

Des films moins significatifs pour Des films sur le divan

Notre site, Des films sur le divan- comprendre des films exigeants-, tente de trouver un sens et des thèmes sociaux présents dans nos films contemporains, lesquels n’apparaissent pas à première vue. Mais on ne réussit pas à tout coup. Certains films n’ont d’ailleurs pas besoin d’interprétation, car ils disent assez directement ce qu’ils ont à dire. Ils nous parlent et disent des choses, mais n’ont pas besoin d’interprétation.

Cela semble être le cas avec des films de 2022 comme The Northman, Elvis ou Le secret de la cité perdue. Bien évidemment, on pourrait se demander, même avec ces films, pourquoi ils se présentent à cette période contemporaine, maintenant. Mais il faudrait creuser pas mal loin pour rendre compte de cela.

D’autres films ne manquent pas de message ou de critique envers un phénomène social contemporain, comme dans le film de 2022, Official Competition, qui constitue une critique du monde du cinéma lui-même, mais cela est fait de façon assez explicite.

Et puis, il y a les films qui paraissent tellement surchargés de symboles et de significations qu’ils ne présentent pas de thème unificateur à partir duquel on verrait une résonance vraiment sociale. Cela semble être le cas avec certains films de 2022, comme Bullet Train, Nope ou Everything Everywhere All at Once. Il se peut qu’il y ait, dans ces films, une certaine unité, un thème qui tient l’histoire ensemble, mais il est difficile de l’identifier, du moins pour Des films sur le divan. Ou encore, ces films n’ont pas de résonance sociale, mais seulement des ambitions au niveau de l’histoire personnelle, de l’action ou de l’esthétique.

C’est en mentionnant ces cas où Des films sur le divan fait « choux blanc » que nous vous souhaitons « Bon cinéma » pour le reste de l’année 2022 !