La baleine 2022

4 mars 2023

Il serait difficile de trouver dans l’histoire du cinéma américain un film qui traite aussi directement de tant de questions délicates de l’Amérique contemporaine tout à la fois, notamment l’obésité, la religion, l’homophobie, l’éclatement de la famille et le système de santé. Ce film est un phénomène rare.

La Baleine est un drame américain du réalisateur Darren Aronofsky, sorti en décembre 2022. L'acteur principal, Brendan Fraser, a été nommé dans la catégorie du meilleur acteur pour la course aux Oscars de 2023. Le film s'inspire d'une pièce de théâtre du même titre.

L'HISTOIRE

Charlie est un professeur d'anglais obèse et reclus qui est responsable d'un cours en ligne où il peut cacher son obésité à ses étudiants en ne présentant pas son image pendant les sessions d'interactions du cours.

Charlie est gai et il a une aventure avec l’un de ses étudiants. Il a fini par quitter sa femme et sa fille pour vivre avec l'étudiant en question.

Sa fille ne lui a pas pardonné ses choix mais elle continue d'interagir avec Charlie et lui rend visite de temps en temps. Cependant, les rencontres ne font que revenir aux récriminations de sa fille à propos du choix que Charlie a fait lors sa désunion. À la fin du film, son ex-femme (désormais alcoolique) lui rend également visite une dernière fois, lorsque les nombreux problèmes médicaux de Charlie atteignent un stade ultime. Charlie n'a pas de couverture maladie et veut garder ses économies de 120.000 $ pour sa fille. Sa seule autre visite est celle de la sœur de son amant étudiant, aujourd'hui décédé, qui lui dit souvent de se faire soigner, ce que Charlie refuse de faire.

L'histoire se termine par la mort prévisible de Charlie après que certaines choses importantes ont été au moins exprimées, sinon résolues.

 

QUELQUES INTERPRÉTATIONS ET COMMENTAIRES

Les critiques de ce film ont été mitigées.

Pour certains, le fait que le film aborde des aspects importants et souvent négligés de la vie contemporaine, tels que l'obésité, les troubles alimentaires, la solitude, l'alcoolisme, les ruptures familiales, la religion et les soins de santé, est un atout. Pour d'autres, c'est précisément cette abondance de sujets qui peut être trop difficile à avaler tout d’un coup.

D'autres ont vu dans le film une histoire de rédemption, parce qu'il y a toujours la possibilité de se racheter, de réparer le passé et de pardonner, quelle que soit la situation.

Le film est parfois aussi considéré comme une histoire de résilience, car un homme obèse et mourant cherche encore à trouver l'espoir et la réconciliation, contre vents et marées.

 

AUTRE POINT DE VUE

Il est surprenant de voir, dans un film américain actuel, autant de sujets délicats de la vie américaine abordés en même temps. Des sujets qui, la plupart du temps, ne sont pas traités du tout.  

Assez intriguant en effet.

Une partie de cette énigme s'explique par le fait que le film est basé sur une pièce de théâtre du même nom, et que le théâtre est peut-être plus propice au traitement de ces sujets délicats dans un décor fixe et immobile, un environnement qui conduit à des échanges d'idées intenses.

Mais il existe un autre élément pour expliquer la présence de tant de sujets difficiles en même temps.

Il s'agit d'une explication quelque peu contre-intuitive.

C'est comme s'il était plus facile de traiter de nombreux sujets délicats, en même temps, que d'en traiter un ou deux, parce que leur grand nombre désensibilise d’une certaine façon chacun d’entre eux. C’est un peu comme si, pour vous désensibiliser à votre migraine, on vous pinçait ailleurs.

Chacun de ces sujets délicats, l'obésité, les troubles alimentaires, les soins de santé, l'alcoolisme, l'isolement social et les conflits familiaux pourrait suffire à composer un seul film, mais, ici, ils sont traités comme un ensemble, ce qui est rare. D'une certaine manière, c'est, dans le cinéma américain, une première.