MÈRES PARALLÈLES

25 février 2022

Mères parallèles : un film de 2021 du vétéran réalisateur espagnol Pedro Almodovar, qui a été placé deux fois en nomination à la cérémonie des 94ième Oscars en février prochain, incluant la nomination de Penelope Cruz comme meilleure actrice.

L’HISTOIRE

Le film raconte l’histoire de Janis Martinez, une photographe dans la trentaine, qui tombe plus ou moins accidentellement enceinte de son amoureux, Arturo, un archéologue qu’elle vient à connaître à travers son travail.

À l’hôpital pour nouveaux nés, Janis rencontre Ana, elle aussi enceinte, avec qui elle partage sa chambre. Ana est moins enthousiaste vis-à-vis sa prochaine maternité. Après la naissance des deux bébés, deux filles, les infirmières font erreur en interchangeant involontairement les deux enfants. Les deux mères ne l’apprennent que plusieurs mois plus tard, et elles se rapprochent l’une de l’autre quand elles découvrent l’erreur, après que l’une des petites décède suite à une mort subite dans son sommeil.

À cette histoire d’expériences de maternité, avec ses drames et ses rebondissements, s’ajoute une autre histoire, celle de la recherche de Janis pour découvrir et recouvrer le corps de son grand-père, mort de mort violente et enterré dans une fosse commune avec d’autres victimes de la guerre civile espagnole des années 1930-1940. Par sa démarche, Janis veut donner à son grand-père un enterrement plus digne et plus approprié.

Les démarches de Janis aboutissent, les corps sont déterrés et ensevelis avec tout le respect qui leur est dû, avec l’aide de son amoureux Arturo, expert en archéologie, qui l’assiste dans ses efforts, et avec qui Janis forme maintenant un couple standard, avec un nouveau bébé en route.

QUELQUES INTERPRÉTATIONS

Des interprétations assez prudentes et pertinentes ont été proposées sur le film, y compris celle qui voudrait que le film se situe dans la lignée des films d’Almodovar, qui porte un regard bienveillant sur les femmes, au point que le film a été vu par un critique du National Post comme « une célébration de tout ce qui est maternel ».

On a pu voir aussi le film comme se situant dans la foulée d’un effort de réconciliation avec les événements douloureux de la guerre civile espagnole des années 1930-1940.

LE POINT DE VUE DU MOVIE SHRINK

Ce qui intéresse Le Movie Shrink, ce n’est pas tellement d’ajouter aux interprétations pertinentes qui sont déjà données du film, c’est plutôt de voir comment les deux histoires, celle des événements entourant les maternités, d’une part, et celle de la recherche de dignité pour les victimes de la guerre civile, d’autre part, se rencontrent et s’interpénètrent.

Et, à ce propos, l’interprétation du Movie Shrink est assez directe et assez simple. L’histoire derrière l’histoire, c’est le fait que l’Espagne continue de progresser et d’évoluer à travers son intégration croissante à l’Europe et au monde, au point de devenir une société prospère et bien assurée, non seulement moderne, mais résolument post-moderne, avec ses éléments constitutifs les plus importants, comme le fait que le choix individuel remplace peu à peu les choix dictés par la famille ou la religion.

Cette prospérité et cette confiance permet aussi de faire le deuil et effectuer la réconciliation avec les douleurs du passé, dont celles de la guerre civile espagnole des années 1930-1940

Et donc, l’histoire derrière l’histoire est celle d’une société plus prospère et confiante, offrant de nouvelles possibilités de choix à ses citoyens et citoyennes, pour le meilleur ou pour le pire, le plus souvent pour le meilleur. Cette réalité de la présence accrue du choix individuel se trouve dans d’autres films espagnols récents, comme le film Le Mariage de Rosa (2020) le suggère, l’histoire d’une femme dans la quarantaine qui décide d’organiser une cérémonie de mariage au cours de laquelle elle s’épouse….elle-même.